05 diciembre 2006

Georges Brassens - L'orage


Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps
Le beau temps me dégoute et m'fait grincer les dents
Le bel azur me met en rage
Car le plus grand amour qui m'fut donné sur terr'
Je l'dois au mauvais temps, je l'dois à Jupiter
Il me tomba d'un ciel d'orage

Par un soir de novembre, à cheval sur les toits
Un vrai tonnerr' de Brest, avec des cris d'putois
Allumait ses feux d'artifice
Bondissant de sa couche en costume de nuit
Ma voisine affolée vint cogner à mon huis
En réclamant mes bons offices

" Je suis seule et j'ai peur, ouvrez-moi, par pitié
Mon époux vient d'partir faire son dur métier
Pauvre malheureux mercenaire
Contraint d'coucher dehors quand il fait mauvais temps
Pour la bonne raison qu'il est représentant
D'un' maison de paratonnerres "

En bénissant le nom de Benjamin Franklin
Je l'ai mise en lieu sûr entre mes bras câlins
Et puis l'amour a fait le reste
Toi qui sèmes des paratonnerr's à foison
Que n'en as-tu planté sur ta propre maison
Erreur on ne peut plus funeste

Quand Jupiter alla se faire entendre ailleurs
La belle, ayant enfin conjuré sa frayeur
Et recouvré tout son courage
Rentra dans ses foyers fair' sécher son mari
En m'donnant rendez-vous les jours d'intempérie
Rendez-vous au prochain orage

A partir de ce jour j'n'ai plus baissé les yeux
J'ai consacré mon temps à contempler les cieux
A regarder passer les nues
A guetter les stratus, à lorgner les nimbus
A faire les yeux doux aux moindres cumulus
Mais elle n'est pas revenue

Son bonhomm' de mari avait tant fait d'affair's
Tant vendu ce soir-là de petits bouts de fer
Qu'il était dev'nu millionnaire
Et l'avait emmenée vers des cieux toujours bleus
Des pays imbécil's où jamais il ne pleut
Où l'on ne sait rien du tonnerre

Dieu fass' que ma complainte aille, tambour battant
Lui parler de la pluie, lui parler du gros temps
Auxquels on a t'nu tête ensemble
Lui conter qu'un certain coup de foudre assassin
Dans le mill' de mon cœur a laissé le dessin
D'un' petit' fleur qui lui ressemble


Y esta es la adaptación en castellano que hizo Javier Krahe :
Yo tuve un gran amor durante un chaparrón
y sentí aquella vez tan profunda pasión,
que ahora el buen tiempo me da asco.
Cuando el cielo está azul no lo puedo ni ver,
que se nuble ya el sol, que se ponga a llover,
que caiga pronto otro chubasco.

Confirmando el refrán una noche de Abril,
la tormenta estalló, mi vecina febril
asustada con tanto trueno
brincó en un santiamén del lecho en camisón
y se vino hacía mí pidiendo protección
-Auxílieme usted, sea bueno-.

-Ábrame por piedad, estoy sola y no sé
si podré resistir, mi marido se fue.
Pues, tiene entre otros muchos fallos,
en las noches así abandona el hogar
por la triste razón de que va a trabajar:
es vendedor de pararrayos-.

Bendiciendo al genial Franklin por su invención
en mis brazos le di curso a su petición,
y luego el amor hizo el resto.
Mira tú que instalar pararrayos por ahí
y olvidarte poner en tu casa ¡caray!.
Cometiste un error funesto.

Varias horas después cuando al fin escampó,
ella se hubo de ir pero antes me citó
para la próxima tormenta.
-Mi esposo va a llegar y si en casa no estoy
se me va a resfriar. Así que ya me voy
a secarle la cornamenta-.

Desde entonces jamás he dejado el balcón
no hago más que poner la máxima atención
en cirros, cúmulos y estratos.
La menor nube gris me colma de placer
aunque ha decir verdad sé que no han de volver
tan torrenciales arrebatos.

A base de vender palillos de metal
su marido reunió un pingüe capital,
y se hizo multimillonario.
A vivir la llevó a un imbécil país
donde si se oye llover será porque haga pis
algún niño del vecindario.

Ojalá mi canción llegue al Sahara aquél
a decirle que yo le seré siempre fiel,
que la llevo dentro del alma.
Aunque sople el Simún con seca realidad,
un día nos reunirá una gran tempestad
tras la que no vendrá la calma.

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